samedi 14 novembre 2015

Don Quijote contesta a los teroristas/ Réponse de Don Quichotte aux terroristes

 Don Quichotte répond aux terroristes

"Regarde combien de félons et de malandrins sortent à ma rencontre, combien de monstres s'avancent contre moi, combien de spectres viennent nous épouvanter de leurs faces hideuses. Eh bien, vous allez voir, scélérats insignes !…"

Don Quichotte, chapitre XXIX, volume II.

Don Quichotte répond aux terroristesDon Quijote a los teroristas

Don Quijote contesta a los teroristas :
 
"Mira qué de malandrines y follones me salen al encuentro, mira cuántos vestiglos se me oponen, mira cuántas feas cataduras nos hacen cocos... Pues ¡ahora lo veréis, bellacos!"

Don Quijote, capitulo 29, vol II



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Don Quijote Don Quichotte





lundi 2 novembre 2015

Conférence sur Don Quichotte. Le désenchantement de Dulcinea


À l'occasion de la parution du livre
Victoire pour Don Quichotte
de Dominique Aubier

Rencontre et conférence
au Lapin Agile, Paris
Samedi le 5 décembre 2015

à partir de 15 h.


Don Quichotte est le roman le plus célèbre et admiré au monde. Certes, nous connaissons le Chevalier et son inséparable compagnon Sancho. Nous connaissons les Moulins à vent et Dulcinée du Toboso… Mais que savons-nous d'eux réellement, au-delà des apparences littéraires ?
Quel est le message de Don Quichotte ? Que nous a-t-il transmis ? Qu'en avons-nous retenu ? Avons-nous intégré la grandeur universelle de sa leçon ?
Savez-vous qu'en recourant au texte original de Cervantès, on voit surgir tout autre chose que ce que l'écume de surface donne à voir ? Qui pourrait croire qu'à la barbe de l'Inquisition et de l'érudition conventionnelle, Cervantès ait écrit un ouvrage crypté ?
L'écrivain Dominique Aubier, auteur d'une remarquable série d'exégèses a mis au jour le Code de Don Quichotte. Dominique Blumenstihl-Roth qui a été son élève pendant 28 ans, (en fidèle Sancho) présente le Secret de Don Quichotte dans une conférence dédiée à la mémoire de son Maître.

La Victoria de Don Quijote
DON QUIJOTE se edita en 1605 y conoce enseguida una gloria que jamás se va a extinguir. El Quijote, con la Biblia, es la obra más leída del mundo. ¿Cuál es el secreto de Don Quijote? Dominique Aubier dedicava su vida en resolver este misterio. A lo largo de su investigación, esa escritora —una vida de búsqueda y investigaciones para llegar a comprenderlo— llega a ser una experta en Kaballah hebraica. Gracias a esa herramienta, ella será la primera en abrir el simbolismo de Don Quijote, decodificándolo y liberando su sentido oculto. El ingenioso hidalgo Don Quijote de la Mancha…más que simplemente una novela !
La Victoria de Don Quijote? Conferencia de Dominique Blumenstihl - Roth para dar homenaje a Don Quijote y Dominique Aubier.

 
Victoire pour Don Quichotte
(La conféence est enregistrée)
SAMEDI 5 DECEMBRE 2015 à partir de 15h au Cabaret AU LAPIN AGILE
22 rue des Saules Paris 18è M° Lamarck

Réservations et renseignements : 
01. 46. 06. 85. 87
ou Frédéric au 06 47 80 21 07


Nous remercions le Lapin Agile 
qui nous prête gracieusement la salle.
M.L.L - La Bouche du Pel -
BP 16 - 27 240 DAMVILLE



vendredi 16 octobre 2015

L'exégèse de Don Quichotte. Toute la vérité sur Don Quichotte !


L’exégèse de Don Quichotte paraît en cinq volumes :

Ouverture 1
Éd. Ivréa (Gallimard) / Ed. M.L.L., 296 pages, 14 x 21,5cm, 54 €
Traduit en espagnol sous le titre Don Quijote Profeta y Cabalista, ediciones Obelisco, 34€

Ouverture 2
Les sources hébraïques et araméennes de Don Quichotte
Éd. M.L.L., 346 pages, 15 x 21 cm, 53 €

Volume 1.
Éd. M.L.L., 464 pages, 18 x 24 cm; lettrines et gravures extraites de l’édition de 1608 : 42 €

Volume 2.
Éd. M.L.L.  445 pages, 18 x 24 cm, lettrines et gravures extraites de l’original de 1608, 42 €


A cette série d'exégèse pourrait s'ajouter le livre "Deux Secrets pour Une Espagne", du même auteur. Un ouvrage qui explore la tumultueuse histoire de l'Espagne et la présence sur son sol du grand secret du Quichotte.
Film
Film espagnol avec Dominique Aubier, en DVD, sous-titré en anglais, Luca-films, 32 €

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Aperçu sur l'œuvre de Dominique Aubier :




DON QUICHOTTE paraît en 1605 et connaît un succès immédiat. Une gloire jamais éteinte entoure ce livre qui reste, avec la Bible, le plus connu au monde. Quel est son secret ?
Dominique Aubier a voué son existence à résoudre cette énigme. Elle ouvre le symbolisme de Don Quichotte, le décode et en libère le sens. La découverte est sensationnelle : Don Quichotte est lisible à la fois en castillan et en hébreu. Cervantès, en effet, dissimule un message. La deuxième édition (1608) originale du Quichotte, révisée par son auteur, est truffée de «fautes» que les grammairiens officiels s’empressent de corriger dans les éditions suivantes. Mais en réalité, il fallait décoder ces «erreurs» qui n’en étaient pas et qui transformaient, par l’omission d’une lettre, par l’accentuation mal placée, le roman castillan en un traité initiatique habité du système qui fonde l’herméneutique : autant de messages cryptés, dont certains sortent droit du texte biblique, notamment des chapitres d’Ezéquiel.
« Je sais qui je suis », dit Don Quichotte. Qui est-il vraiment? Dominique Aubier suit Cervantès à la trace et restitue le fil conducteur de sa pensée, si bien que l’enquête est menée par Cervantès en personne, qui pose des jalons dans un jeu de piste dont le trésor est l’apparition du sens.
Voilà qu’en pleine Inquisition, Cervantès, dans une forme littéraire nouvelle dont il est l’inventeur — le roman moderne —, transmet un enseignement frappé d’interdiction. Cervantès redonne ce qu’il a reçu de la tradition hébraïque et de la kabbale, et augmente ce don de sa propre puissance prophétique. Don Quichotte (Q’chott en Araméen signifie vérité) fut écrit dans un souci d’œcuménisme. En souvenir d'une Espagne, terre de rencontre des trois religions révélées, il propose à l’avenir un projet culturel plaçant en son centre la puissance du verbe.
Dominique AUBIER pénètre jusqu’en son coeur le mystère de l’Hidalgo. Cette série d’ouvrages, rédigés dans une verve flamboyante où la précision de l’esprit épouse la richesse du langage, constitue l’aboutissement d’une enquête magistralement menée. L’œuvre atteint le sommet de l’élégance d’âme car elle situe Don Quichotte comme le recours civilisateur d’une haute métaphysique au service de l’humain.

mercredi 2 septembre 2015

El Secreto de Don Quijote / The Secret of Don Quixote

El secreto de Don Quijote
— Un libro "fenomental".

DON QUIJOTE se edita en 1605 y conoce enseguida el éxito, una gloria que jamás se va a extinguir marcará ese libro el cual, con la Biblia, es la obra más leída del mundo. ¿Cuál es el secreto de Don Quijote?
Dominique Aubier dedica su vida en resolver este misterio. A lo largo de su investigación, esa escritora —una vida de búsqueda y investigaciones para llegar a comprenderlo— llega a ser una experta en Kaballah hebraica. Gracias a esa herramienta, ella será la primera en abrir el simbolismo de Don Quijote, decodificándolo y liberando su sentido oculto. El descubrimiento es fabuloso. Don Quijote es un libro que puede leerse a la vez en castellano criptado en hebreo y arameo. Cervantes esconde un mensaje en su texto. La segunda edición (1608) original del Quijote, revisada por su autor, está sembrada de “errores” burdos que los funcionarios de la erudición se apresurarán en corregir en las ediciones siguientes. Pero en realidad había que decodificar esos errores que, de hecho, no eran tales y a su vez transformaban, con la omisión de una letra o con una acentuación mal puesta, la novela castellana en un tratado iniciático habitado por el sistema fundamental de la hermenéutica: otros tantos mensajes codificados, de los cuales algunos salen directamente del texto bíblico especialmente de los capítulos de Ezequiel.
Yo sé quién soy, dice Don Quijote. ¿ Y quién es él realmente? Dominique Aubier sigue los pasos de Cervantes, recobra el hilo conductor de su pensamiento, de tal modo que la pesquisa está llevada por Cervantes en persona, quién pone los jalones en una pista cuyo tesoro es la aparición del sentido.
Henos aquí que en plena Inquisición Cervantes, en una forma literaria nueva de la cual es el propio inventor — la novela moderna, transmite una enseñanza aquejada de interdicción. Cervantes devuelve lo que recibió de la tradición hebraica, de la kabbalah y del Corán y acrecienta esa donación con su propio poder profético. Don Quijote (Q´jot en arameo significa verdad) se escribió en el marco de una preocupación ecuménica. En recuerdo de una España tierra de encuentro de las tres religiones reveladas, propone al futuro un vasto proyecto cultural colocando en su centro el poder del verbo. Y de repente estalla a la luz la verdadera identidad de Cervantes.
Dominique Aubier ahonda en el núcleo del misterio del Hidalgo. Para poder llevar a cabo la exégesis de la obra cervantina, sublime proyecto intelectual plasmable a la realidad, se hacia necesario que una vida entera se dedicara al Gran Caballero. Dominique Aubier le ha consagrado su vida. En tres magníficos tomos, realiza una profunda exégesis haciendo resaltar el poder universalizador de Don Quijote. Este conjunto de obras, admirablemente labradas, redactadas  en una inspirada locuacidad donde la precisión del pensamiento se une a la riqueza del vocabulario, constituye el desenlace de una indagación llevada a cabo con maestría. Dominique Aubier se impone por el rigor de su estudio. Su obra alcanza la cima de la elegancia del alma pues sitúa Don Quijote como el recurso civilizador de alta metafísica al servicio de lo humano.

traduccion : Marie Michèle Jolibert



Tambien existe la pelicula :

DVD - 32 euros.
The Secret of Don Quixote
(castillano con subtitulo inglès, english subtitles)
Las claves ocultas y el secreto oculto que esconde la novela Cervantina,
Primer premio en la categoria de mejor documental 
en el festival de cine Las Duñas en Fuerteventura
Best documentary at film festival Las Duñas, Canaries Islands, Spain.

52 min. Colour. Documental.
Direction, Photography and Editing: Raúl Fernández Rincón.
Production: LUCA FILMS S.L. / Producer: Raúl Fernández and Alberto Martínez
Shooting: Normandía, Madrid and Castilla la Mancha.
La investigadora Dominique Aubier, después de 50 años de estudio de la novela, ha logrado descifrar el código secreto que durante 400 años ha estado oculto. El documental desvela el proceso a seguir para llegar a conocer el mensaje secreto que el autor, de una forma elevada, encerró en sus líneas.


In 1605, the first part of Don Quixote— the most famous book in Spanish literature, and the most translated and read in the world together with the Bible—was published. Cervantes himself declared he did not write it but read a translation by Arabic historian Cid Hamete Benengeli. This might be the secret of its success, since Don Quixote might be a manuscript that was mysteriously discovered in Toledo, written in Arabic and maybe in... „another language“ which is obviously… Hebrew ! Researcher Dominique Aubier, who has been studying Don Quixote for fifty years, deciphers the secret code which had been hidden for 400 years.

vendredi 31 juillet 2015

Le Secret de Dulcinée du Toboso

Le Secret de Dulcinée du Toboso…

Dans un article paru dans Encyclopaedia Universalis, le prof. Pierre Guenoun donne une piste très intéressante pour essayer de percer l'identité de Dulcinée du Toboso. Cet article reprend ce que l'auteur avait écrit dans son étude consacrée à Cervantès (Cervantes par lui-même, par Pierre Guenoun. Éditeur. Paris : Seuil , 1971. Collection. Microcosme).
« Dulcinée n'est pas la mythification d'une paysanne quelconque mais d'une de ces paysannes de Castille que l'Inquisition risquait de poursuivre parce qu'elle n'était pas « vieille chrétienne » de souche, ainsi que Cervantès le donne à entendre à ceux qui savent lire entre les lignes, lorsque, prenant la parole lui-même, il raconte, au chapitre IX de la première partie de Don Quichotte, comment il a trouvé le manuscrit de cette histoire chez un marchand de l'Alcaná, au cœur de l'ancien quartier juif de Tolède. »
Cette approche de Dulcinée du Toboso sort droit du beau livre de Dominique Aubier, Don Quichotte prophète d'Israel. (éd. Robert Laffont, 1966 ; éd. Ivréa 2013).

Qui est Dulcinée du Toboso ? Une femme mondialement connue, sans que personne ne l’ai jamais rencontrée. S’agissant de la dame souveraine du cœur de Don Quichotte, Dulcinée me paraît «johannique» à plus d’un titre : rustique, vraie, nécessairement vierge, image de la Schekina telle que la perçoit Cervantès dans son sublime roman. Lire à cet égard les quatre volumes d’exégèse de Don Quichotte réalisée par Dominique Aubier. L’auteur y dégage le sens de la geste quichottienne et met en relief la mystique du chevalier, notamment son serment le liant à la dame maîtresse de sa volonté.
Dulcinée, simple paysanne, brille aux yeux du Quichotte comme une intouchable divinité : sans qu’il la voie jamais, étant son amant, il ne tolère aucune remise en cause de sa suprématie et défie quiconque ne reconnaît sa supériorité. Qui est Dulcinée ?

Dominique Aubier explique que Don Quichotte est un livre crypté dont le codage symbolique est directement référencié sur l’herméneutique hébraïque : Quichotte s’entend en araméen «Qué-chot», qui désigne la vérité. Dès lors, Dulcinée du Toboso, idéal féminin, l’Ewigweibliches de Goethe, correspond à la vision personnelle qu’a Don Quichotte de la Schékina des kabbalistes (voir : Don Quichotte, prophète d’Israël, p. 186.)

Dulcinea, dans Don Quichotte, c'est la Schékina des hébreux. Autrement dit la doctrine même de la Connaissance, ce qui demeure (du verbe "chakan" - demeurer). La Schékina est le siège du monde de l'Emanation. « Car il faut s'unir préalablement à la Schékina… » (Zohar I, p. 149). Quelle est cette douceur qui caractérise la dame, dont la qualité féminine est également décidée à l'avance ? L'hidalgo, cherchera la personne susceptible de servir de support concret à ces qualités. Femme et douce, vision de sa pensée, sa dame procède de la Schékina, figure féminine de la connaissance de Dieu qui est Douceur. « Car ses voies sont douces… cette Douceur a été cachée et réservée pour plus tard. » (Zohar III, p. 257). En attendant, elle se propage par la voie orale de la Tradition : « La Douceur désigne la Loi orale. » (Zohar II, p. 550). Miguel de Cervantès va lui donner droit à la fixation écrite. Car « la Schékhina se transformera et prendra une autre forme. » (Zohar II, p. 319). Cette douce dame est celle à qui les ennemis vaincus devront se présenter — se rendre — pour qu'elle dispose d'eux à la façon d'un juge. En effet, elle en a les attributions : « le Tribunal désigne la Schékhina… C'est la Schékhina qui juge conformément à la Loi, conformément à la vérité. » (Zohar III, p. 451). Et c'est bien à Elle que « tout ce qui émane du Saint béni soit-il, doit parvenir sans intermédiaire. » (Zohar I, p. 148). Imitativement, aucun intermédiaire ne s'interpose entre don Quichotte et Dulcinea. Le chevalier envoie directement ses vaincus à Celle qui est sa suzeraine — pour qu'ils se rendent à sa vérité (lire à ce sujet : "Victoire pour Don Quichotte").

De son vrai nom, Dulcinée se nomme Aldonza Lorenzo, robuste et jeune paysanne qui, selon Cervantès, n’a pas son pareil pour saler le cochon. Le sel étant le symbole, dans le judaïsme, de la grâce divine, l’analogie devient assez évidente. A l’époque inquisitoriale, faire manger du porc au juif converti était l’une des épreuves de l’examen pour la délivrance du brevet de « bon chrétien ». Dulcinée incarne l’hispanité touchée par la douceur de Dieu, la connaissance quand elle devient douce et agréable Tob-sod, d’où son nom : Dulcinéa du Toboso.
« Dulcinée, c’est le symbole d’une vision des choses qui fait la gloire de Don Quichotte. Vision rejetée par les galériens que le chevalier délivre des chaînes de l’Inquisition. C’est pourtant en son nom, pour la gloire de la Schékina, doctrine supérieurement humaniste, qu’il a brisé leurs chaînes : les ingrats refuseront néanmoins de rendre hommage à leur libératrice.»
Il existe dès lors une analogie entre Jehanne d'Arc et Dulcinée : lors de son procès l'évêque de Beauvais s’en prend directement à une incarnation de type dulcinéenne. Ce qu’il nie en elle, c’est précisément la gloire du Dieu dont il se prétend par ailleurs le délégué en tant qu’agent clérical. Au cours du procès, la dispute éclate à propos de la virginité de la Pucelle.

L’enjeu est énorme : ce qui est en cause, dans le procès de Jehanne d'Arc, c’est un concept ontologique. Beauvais rejette ce que représente la virginité symbolique. Dans Don Quichotte, c’est un trait intellectuel de sa pensée ; chez Jehanne, c’est le même concept, non intellectualisé, mais inscrit avec véhémence dans sa réalité physique. Dans les deux cas, il s’agit de l’inviolabilité de la Schékina.
Beauvais ne semble pas ignorer pas la portée ontologique de la virginité, c’est pourquoi il ordonne les vérifications assez lamentables sur l’état sexuel de la jeune femme. Sa curiosité quasi-pornographique est relatée par l’un des greffiers qui raconte que le vicaire fit aménager un trou dans le mur de la cellule où elle était détenue et par lequel il jetait des œillades intéressées lors de l’examen. Sans doute fut-ce là l’unique fois de sa vie que l’évêque vit une femme dénudée. Etait-il assez curieux de ce mystère ? Sa haine de la femme est ostensible. Objet de sa concupiscence, il déteste en elle l’inaccessible, aussi bien du point de vue physiologique que de la représentation symbolique. La féminité tout entière lui est insupportable : il hait la femme en tant que créature, en tant que récipiendaire et donatrice de vie, la femme iconique, incarnant les formes interprétatives du réel. Il ne pouvait qu’éprouver frayeur, haine à l’égard de la Pucelle d’Orléans : femme que nous pourrions qualifier de… Dulcinéenne ! 

Le Réel, l’Univers tout entier est une femme, écrit en substance Dominique Aubier dans son ouvrage l’Ordre Cosmique. Il est l’hémisphère qui-fait, la gauche matérialisante à l’intérieur d’une structure d’essence corticale où la droite correspond à l’hémisphère qui-sait, disposant de l’Information.
Entre les deux hémisphères, une dualité vivante suscitant et innervant la Création. Le flux énergétique depuis le Qui-Sait invisible aboutit à la Création. En s’attaquant à la femme, Beauvais s’attaque en conséquence à la structure même de l’Absolu auquel il renie le caractère duel. En assassinant la femme, il en devient l’ennemi déclaré de toute la Création, négationniste suprême du projet divin. Criminel majeur, dans la pure tradition Amalécite.
Don Quichotte affronte, lui aussi, les sbires de l’Inquisition. Tout au long du roman, il est menacé par le Saint- Office qui a lancé à son encontre un avis de recherche. Rattrapé par les archers lors de son étape à l’auberge, il est interpellé. Dispute. Le chevalier pourfend les policiers : il est aidé dans sa bataille par toutes les femmes présentes à l’auberge, Dorothée, Clara, Zoraïda. À chacune d’elle, il reconnaît la vertu virginale — johannique, dirons-nous — en ce que chacune de ces femmes vibre et lutte pour l’amour unique qui les transporte.
Tout au long de l’œuvre cervantienne, Don Quichotte n’a cesse de réunir les amants, de professer l’union des cœurs, de reconnaître les vertus des femmes qu’il rencontre — y compris les deux prostituées, Tolosa et Maritornes. Don Quichotte, défenseur des Femmes en tant que créatures humaines liées au projet divin, s’impose en champion du Principe de Création. En tant que serviteur de Dulcinée, il affirme le principe de féminité comme antidote universel contre toutes les formes de tyrannie. Les droits de l’homme découlent, d’un point de vue métaphysique, de ce principe de féminité…

samedi 27 juin 2015

"Victoire pour Don Quichotte". Les sources hébraïques et araméennes de Don Quichotte.







Dans ce livre, Dominique Aubier identifie les références araméennes (le Zohar) de Cervantès et les passerelles entre le castillan ancien et l'hébreu.
Elle réalise en détail l'étude de la Préface, des Poèmes, de la Dédicace et des premiers chapitres de Don Quichotte, d'après les éditions originales de 1605, 1608 et 1610.
Il s'agit de l'exégèse du Quichotte, où l'auteure présente les corrélations existant entre le texte original de Cervantès et l'hébreu (araméen) du Zohar, le célèbre ouvrage du kabbaliste Moïse Shem Tob de Léon qui a servi de référent symboliste à Cervantès.
Ce livre est la suite de Don Quichotte prophète d'Israël (éditions Robert Laffont, réédité chez Ivréa, dist. Gallimard 2013).


C'est, d'une part, l'étude sémiologique du langage de Cervantès, d'autre part son décryptage révélant de manière définitive et irréfutable la connexion hébraïque et zoharique du Quichotte. Mais surtout, l'auteur en relève la dimension prophétique selon les critères mêmes de l'herméneutique hébraïque.
Dominique Aubier a fait là un travail minutieux, scientifique, de linguiste hors pair. Mais surtout, elle s'impose dans cet ouvrage comme une initiée hors pair, garantie par sa vaste connaissance des Textes — et une technique de décryptage puissamment inspirée. Cervantès en personne, par la mémoire transgénérationnelle, lui aurait-il communiqué ses secrets ?


Elle reprend le texte du Quichotte et ligne après ligne, mot après mot, passant du castillan à la traduction française, elle envoie l'attention du lecteur vers le référentiel hébreu.
Une performance
éblouissante.
Son texte est construit sur trois niveaux :
1. le texte original de Cervantès ;
2. la traduction ;
3. le renvoi au Zohar et reconduction aux passages concernés de la Torah.
En quatrième niveau, il ressort un faisceau d'une puissance remarquable : la rigueur intellectuelle de la recherche est telle que l'esprit du lecteur se trouve subjugué par l'épaisseur tridimensionnelle de l'ouvrage. Jamais Don Quichotte n'avait été si bien compris et dévoilé.


La souscription pour l'édition de ce livre est ouverte.

Nous vous remercions de votre aide et soutien pour la publication de cet ouvrage inédit, laissé en héritage aux amis de Don Quichotte et de la Connaissance.

Victoire pour Don Quichotte
340 pages.
Le prix de lancement est fixé à 53 euros, expédition incluse pour toute destination.
Les réservations et souscriptions peuvent être faites dès maintenant par Internet


ou en écrivant à :

MLL-La Bouche du Pel
BP 16
27 240 DAMVILLE (France)
MLL( )DBMAIL.COM

Pour toute souscription, joindre le chèque correspondant à l'ordre de M.L.L.

Dominique Blumenstihl-Roth

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Nous rappelons que les travaux de Dominique Aubier sur Don Quichotte ont été corroborés et appuyés par :
— Ruth Reichelberg, docteur en littérature comparée à l'Université Bar Ilan de Tel Aviv, en Israël qui confirme la dimension prophétique du Quichotte ;
— Gonzalo Maese, directeur de l'Institut des recherches sémitiques de l'Université de Grenade, Espagne. Expert de l'hébreu et de l'araméen, traducteur de Méam Loez ;
— Pierre Guenoun, directeur de l'Institut des études hispaniques de la Sorbonne, Paris.
— Le rabbin Marc-Alain Ouaknin.

Ces travaux ont fait l'objet du film :
"El Secreto de Don Quijote" (The Secret of Don Quixote)
réalisé par Raùl Rincon pour la télévision espagnole RTVE. (DVD). 





vendredi 5 juin 2015

Don Quichotte : nouvelle victoire !


VICTOIRE POUR DON QUICHOTTE !

Dans ce livre, Dominique Aubier identifie les références araméennes (Zohar) de Cervantès et les passerelles entre le castillan ancien et l'hébreu.
Elle réalise en détail l'étude de la préface, des poèmes, de la Dédicace et des premiers chapitres de Don Quichotte, d'après les éditions originales de 1605, 1608 et 1610.
Il s'agit de l'exégèse du Quichotte, où l'auteure présente les corrélations existant entre le texte original de Cervantès et l'hébreu (araméen) du Zohar, le célèbre ouvrage du kabbaliste Moïse Shem Tob de Léon qui a servi de référent symboliste à Cervantès.
Ce livre est la suite de Don Quichotte prophète d'Israël (éditions Robert Laffont, réédité chez Ivréa, dist. Gallimard 2013).
C'est l'étude sémiologique du langage de Cervantès et son décryptage révélant de manière définitive et irréfutable la connexion hébraïque et zoharique du Quichotte. Elle en relève la dimension prophétique.
Dominique Aubier a fait là un travail minutieux, scientifique, de linguiste hors pair et d'initiée. Elle reprend le texte du Quichotte et ligne après ligne, mot après mot, passant du castillan à la traduction française, elle envoie l'attention du lecteur vers le référentiel hébreu.
Une éblouissante performance, inégalée.
Son texte est construit sur trois niveaux :
1. le texte original de Cervantès ;
2. la traduction ;
3. le renvoi au Zohar et reconduction aux passages de la Torah concernés.
En quatrième niveau, il ressort un faisceau d'une puissance remarquable : la rigueur intellectuelle de la recherche est telle que l'esprit du lecteur se trouve subjugué par l'épaisseur tridimensionnelle de l'ouvrage.
Pour nous aider à éditer ce livre, laissé en héritage aux amis d'Israël et de Don Quichotte,la souscription est ouverte.
Victoire pour Don Quichotte en est le titre définitif. 340 pages.
Le prix de lancement est fixé à 53 euros, expédition incluse pour toute destination.
Les réservations peuvent être faites dès maintenant en écrivant à :



MLL-La Bouche du Pel
BP 16 - 27 240 DAMVILLE (France)
MLL( )DBMAIL.COM


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Les travaux de Dominique Aubier sur Don Quichotte ont été corroborés et appuyés par :
— Ruth Reichelberg, Docteur en littérature comparée à l'Université Bar Ilan de Tel Aviv, Israël ;
— Gonzalo Maese, Directeur de l'Institut des recherches sémitiques de l'Université de Grenade, Espagne. Expert de l'hébreu et de l'araméen, traducteur de Méam Loez ;
— Pierre Guenoun, directeur de l'Institut des études hispaniques de la Sorbonne, Paris, correspondant de l'Encyclopaedia Universalis.

Ces travaux ont fait l'objet du film :
"El Secreto de Don Quijote" (The Secret of Don Quixote)
réalisé par Raùl Rincon pour la télévision espagnole RTVE. (DVD).

dimanche 5 avril 2015

Qui est Don Quichotte ? Le secret du chevalier…

Qui est Don Quichotte ? Quel est son secret ?


Le nom de l'hidalgo est Quixana. Dès la première page, l'édifice des noms présente une forme géométrique :
Quesada ou Quixada
Quixana

« ... Et enfin se vint à appeler don Quichotte; d'où, comme dit est, les auteurs de cette tant véritable histoire ont pris sujet de dire que sans doute il se devait appeler Quixada et non pas
Quesada, comme d'autres l'ont voulu assurer... »
Le choix du surnom influe sur les raisons de ne plus hésiter entre Quixada et Quesada. Quixote plaiderait en faveur de Quixada. (Nous reprenons ici volontairement l'orthographe de Cervantès. Les caractères graphiques participent à la dénonciation de l'identité).
L'édifice des noms devient :
Quixada
Quesada
Quixana
don Quixote de la Manche

Nouveau mouvement d'opinion au sujet du nom. « Seigneur Quixada (car il se devait ainsi appeler quand il avait son jugement et qu'il n'était encore passé de gentilhomme posé à chevalier errant... »
Et comme don Quixote ne veut pas de ce nom : « Regardez bien, monsieur, pécheur de moi, que je ne suis ni don Rodrigue de Narvaez, ni le marquis de Mantoue, mais Pedro Alonso, votre voisin; et vous n'êtes Baudouin, ni Abindarraez, mais bien l'honorable gentilhomme, le seigneur Quixada ... »
Don Quixote répond : « — Je sais qui je suis ».

Nous ne le savons pas. L'hidalgo redevient don Quixote, quelques paragraphes plus loin, sans difficulté et sans que la réapparition de ce nom soulève la moindre observation de la part du curé Pero Perez, du barbier ou de la nièce. Ce nom-là ne surprend personne. Sancho l'agrée sans même être mis dans sa confidence. L'appellation va de soi pour lui comme pour les principaux personnages. Ils connaîtraient donc la raison de ce nom et devraient l'avoir acceptée.
Le silence pèse sur le moment où le laboureur Sancho, voisin de l'hidalgo qu'il connaît sous le nom de Quixada ou Quixana, apprend que ce dernier a changé de nom et, désormais, en tant que chevalier errant, porte celui de don Quixote de la Manche. Laissée à l'encrier, cette information utile indique par son absence que Sancho ne connaît que don Quixote. Il est le compagnon de l'hidalgo quand il mérite le nom de Quixote et non celui de Quixana.

Celui de Quixada motive cependant une explication. Il est spécifié, au sujet de Gutierre Quixada, que Quixote descend de sa race en ligne directe masculine.
« ... Et aussi les aventures et les défis que mirent fin en Bourgogne les vaillants Espagnols Pierre Barba et Gutierre Quixada (de la race duquel je descends en ligne directe masculine) ... »
De plus l'hidalgo se surajoute le surnom de Chevalier de la Triste Figure.
« Je pense donc que le susdit sage t'aura mis en bouche et en la pensée tout présentement que tu m'aies appelé le Chevalier de la Triste Figure, comme je veux m'appeler dorénavant... »

Pour le premier volume, l'édifice des noms de l'hidalgo est le
suivant :
Quesada
Quixada
(abandonné comme Quixana inconvenant selon les conjectures de don Quixote de la Manche dit Chevalier de la Triste Figure.
—Quixada signifie mâchoire.
—Quixana ne signifie apparemment rien.
Quixote, en espagnol, signifie cuissard. Même ce sens illustre un verset du Zohar : « Les prophètes sont les cuisses du monde »… Le surnom de Chevalier de la Triste Figure englobe tout le personnage et s'applique particulièrement à lui par l'allusion à la mine qui caractérise son visage.
Ces trois noms correspondent aux trois séphiroth pères de la théorie séphirothique. Les trois séphiroth pères désignent les trois fonctions de la parole dans l'être agissant :
— Quixada c'est l'intuition de l'esprit…
— Quixana c'est le pouvoir de parler selon les organisations musculaires…
— Quixote c'est le discours qui en est le résultat.
Les trois noms de l'hidalgo correspondent aux trois situations symbolisées par les séphiroth pères dites aussi séphiroth de tête. Cette interprétation se confirme par les précisions apportées par le second volume. L'hidalgo change encore de nom, cesse d'accepter la dénomination générale de Chevalier de la Triste Figure, préférant celle de Chevalier des Lions, conforme à ses
nouvelles actions : « ... Mais, afin de n'y point dépenser notre temps, que le grand Chevalier de la Triste Figure nous accompagne.
— Votre Altesse, dit Sancho, doit dire des Lions, car il n'y a plus de Triste Figure : nous en sommes aux Lions »…

A la fin, il cesse d'être seigneur Quixana pour devenir Quixano le Bon. « Véritablement il se meurt, et véritablement aussi Alonso Quixano le Bon est devenu sage : nous pouvons entrer pour qu'il fasse son testament ». Ces nouvelles firent alors lâcher la bonde aux yeux gonflés de la gouvernante, de la nièce et de Sancho Pança son bon écuyer, de sorte qu'il en jaillit des fontaines de pleurs, et de l'estomac mille profonds soupirs : car, en effet, ainsi que nous avons déjà dit quelque part, tant que don Quichotte fut simplement Alonso Quixano le Bon, aussi bien que tant qu'il fut don Quichotte de la Manche, il fut toujours d'une nature douce et d'agréables rapports » . Ainsi, selon l'édition de la Pléiade, l'édifice général des noms
serait :
Quesada
Quixada
Quixana
Alonso Quixano le Bon
Une erreur d'impression extrêmement menue et grave de conséquences fausse la réalité de cette ordonnance. Il ne s'agit pas de Quixana mais de Quexana. Dès lors, l'édifice des noms devient
kabbalistiquement lisible et clairement significatif :
Quixada
Quexana
Quixote
Alonso Quixano le Bon
Ces quatre appellations correspondent à quatre des noms de Dieu particulièrement utilisés, Élohim, Jéhovah, Sebaoth ou El Shaddaï, noms dérivés des actions pour reprendre l'expression de Maïmonide:
« Quant à ses autres noms glorieux, ils le désignent par homonymie; car ils sont dérivés de certaines actions comme on en trouve de semblables chez nous ».
Dieu lui-même le disait déjà à son prophète :
« Tu désires savoir mon nom ? C'est selon mes œuvres. Lorsque je juge des créatures, je suis appelé Élohim, lorsque je fais la guerre aux mécréants, je suis appelé Sebaoth, lorsque je pardonne les fautes des hommes, je suis appelé El Shaddaï ».
De la même manière, suivant ses œuvres, l'hidalgo change de nom.
« Seigneur Quixada (car il se devait appeler ainsi quand il avait son jugement et qu'il n'était pas encore passé de gentilhomme posé à chevalier errant ».
Les noms de l'hidalgo changent selon son action. Dans ces conditions, que fait Quixada que ne peut Quexana ? Que fait Quexana que ne fait pas Quixote ? Quel est le rôle d'Alonso Quixano le Bon ?

Quexana vit, mange et lit.
Quixote sort, mène des aventures, combat.
Quixano teste et meurt.
Trois noms, trois fonctions : Quexana est l'homme oisif qui s'adonne à la lecture des romans de chevalerie et juge les héros littéraires. Quixote est l'hidalgo devenu fou, prenant les armes
pour combattre. Alonso Quixano le Bon est l'homme qui renonce à sa vie et à son œuvre et qui teste avant de disparaître. Comme Dieu, l'hidalgo change de nom en changeant de fonction.
Quixada se compare à Adonaï,
Quexana à Elohim,
Quixote à Sebaoth et
Alonso Quixano el Bueno à El Shadaï.
Dans les trois cas, les actions elles-mêmes sont imitatives des actions divines.
La Kabbale est la science des noms. Si Quexana correspond à Élohim et Quixote à Sebaoth, il faut demander à Quexana et à Quixote une explication de leur sens par les méthodes traditionnelles. Bon kabbaliste, Cervantès n'a pas résisté au savant plaisir de combiner les lettres en fonction du symbolisme que leur confère la langue hébraïque…


Pour en savoir plus :

Lire "Don Quichotte prophète d'Israël" (Dominique Aubier) éditions Ivréa - Gallimard.
En librairie
ou internet.

mercredi 18 mars 2015

Cervantès et Don Quichotte sont de retour !


La nouvelle fait grand bruit depuis quelques temps. Les téléscripteurs des agences de presse ont relayé l'information dans le monde entier. La nouvelle est sensationnelle : on a retrouvé la dépouille mortelle de Cervantès. Quelque part dans un caveau dans un endroit… (dont je ne veux me rappeler le nom).
J'ai même vu un reportage sur France 2 au journal télévisé.
Voici un amas d'osselets, dont le spécialiste nous dit qu'il s'agirait des restes du grand écrivain espagnol, preuves scientifiques à l'appui.
Moi, je veux bien que cela soit vrai. Et sans doute, ça l'est. Qui voudrait contester la magistrature de la science ?

Mais franchement, à quoi bon s'exalter sur la trouvaille ? Va-t-on dresser un mausolée à l'intention de Cervantès ? En exposera-t-on les os sous une cloche de verre ? Le présentera-t-on au Musée du Prado? A quoi bon exhumer des restes humains ? Pour l'intérêt toujours supérieur de la science ?
A priori, ce n'est que profanation de sépulture… Et je ne vois pas en quoi un squelette permettrait de mieux comprendre la pensée d'un écrivain ou en quoi deux fémurs et un cubitus nous illumineraient ou augmenteraient la gloire de Cervantès quand il est déjà l'écrivain le plus célèbre de la planète. N'est-ce pas plutôt la science qui cherche à se faire "mousser" en tirant vers elle un peu de la poudre cervantienne ?

Mais laissons ce sens littéral de l'événement. Cherchons ce qu'il pourrait signifier symboliquement.
Ce qui est intéressant dans l'affaire, c'est de voir ressurgir le "fantôme" de Cervantès… et par conséquent de Don Quichotte. Que vient-il nous tourmenter en ce XXIè siècle de sciences et de technologie ? Que vient-il chercher ? Et que lui veut-on ? Veut-il se faire voir ? Faire voir les os — le squelette de l'écrivain ? À MOINS QU'IL NE S'AGISSE SYMBOLIQUEMENT de nous faire voir — et comprendre enfin — l'identité du Quichotte ?
Pauvre Don Quichotte, mort à la fin de son roman. Enterré par des siècles d'éruditions et d'errances, mais dont le vrai secret n'aurait pas été libéré ?
Pauvre Don Quichotte : toujours et encore enterré, cherchant à soulever la pierre tombale afin qu'émerge enfin le sens de son initiative ?

Qui est-il, ce Don Quichotte qui hante la conscience humaine depuis quatre siècles et qui inlassablement se rappelle à notre bon souvenir ?

Je suis justement en train de travailler sur un manuscrit que Dominique Aubier m'a confié avant son départ : c'est la suite de Don Quichotte prophète d'Israël.
Alors même que je prépare ce manuscrit pour le rendre disponible à l'édition, voici que Cervantès sort de son tombeau ! On appelle cela une synchronicité : deux événements se trouvent liés entre eux (synchrones) sur le même plateau temporel car se produisant simultanément. Mais il n'y a pas que la synchronicité : il y a égalité de la thématique. Puisque dans les deux cas, Cervantès est en cause. Son squelette est mis au jour. Exposé, identifié. J'en déduis que le manuscrit sur Don Quichotte qu'a laissé Dominique Aubier réalise exactement la performance désignée par l'énorme symbole qu'est la découverte de la sépulture cervantienne. Ce manuscrit ouvre le tombeau du Quichotte, il en libère le locataire qui était resté recouvert depuis des siècles par l'obscurité des lectures littérales.

Que les littéralistes dès lors se tiennent tranquilles maintenant qu'ils ont rempli les bibliothèques de leur suffisante érudition ! Et allons vers le sens du Quichotte. C'est tout le propos du livre qui se prépare. En voici un extrait…

« L'intelligence de la Prodigieuse Histoire ne peut pas se conditionner par des approches successives, dont l'une mènerait à l'autre. Ce processus, qui est celui de la découverte, n'aurait aucune vertu pédagogique. Il demanderait une trajectoire infinie d'explications préliminaires qui encercleraient le sujet sans en prendre jamais possession. Aucune complicité ne vient de notre culture. Et pourtant c'est elle qui, impérieusement par le culte de la raison qui la motive, demande que le dossier de l'esprit lui soit confié. Par quel biais verser dans ses formes les images prises à un premier moule, et déjà recoulées dans un second ?
Connaissance continue mais polyglotte. Voici qu'il va falloir lire en plusieurs langues. Du français à l'espagnol, la communication semble aisée. Nous faisons confiance à la source latine. Mais l'espagnol de Miguel de Cervantès présente une particularité. Au latin se trouve adjoint le filet vivifiant des eaux hébraïques. Un courant nouveau repart de cette confluence. Comment la lancer sur le lit actuel de la langue française où l'alluvion hébreu semble ne s'être pas déposé ?
Chef d'œuvre du génie espagnol, empreinte majeure marquant l'âme nationale, l'Ingenioso Hidalgo Don Quixote de la Mancha n'est pas un livre à traduire. Son auteur a lui-même souligné le caractère rebelle de l'expression : traduire d'une langue à l'autre c'est comme regarder les tapisseries de Flandres par leur envers ; bien que les figures s'y voient, elles sont pleines de fils qui les obscurcissent et ne se montrent pas dans l'uni et la couleur de l'endroit.
Œuvre monumentale, serait-elle condamnée à la réclusion dans sa forteresse idiomatique ? La sévérité d'une telle disposition ne ressort pas seulement de l'impuissance naturelle à toute langue à recouvrir le fond d'une autre. Dans le cas de l'Histoire Prodigieuse, la difficulté se complique. L'écrivain, avec une volonté inspirée, s'est permis de refondre la langage national. Sachant que toute conviction, toute pensée plonge ses racines dans la couche reculée de l'idiome et puise là ses vraies ressources, il a mis en œuvre un véritable plan de mutation spirituelle. Grâce à sa science du Verbe, il a distingué dans les épaisseurs du langage, isolé celle dont la germination spirituelle dépend et l'a ensemencé.
Là, dans ce terreau délicat, il a dessiné et transfiguré, gravé et modelé sa leçon imagée. Le castillan s'est prêté aimablement au travail de sculpture. Déjà influence par l'hébreu et l'arabe, il s'est soumis au trafic supérieur qui l'a plié à la connaissance juive. La fixation de l'empreinte, Miguel de Cervantès l'a obtenue en refouillant le marbre meurtri d'une langue sensible à son ébauchoir et à sa pointe, taillant dans son matériau la vision d'une sagesse venue d'un autre atelier de l'Art de parler.
Conscient de son prodige, l'auteur sait qu'il faudra le révéler. Car son exploit efficient n'est pas visible. Aussi demande-t-il pour son grand-œuvre non point la traduction ou la représentation imagée mais le commentaire : y asi deve ser de mi historia, que tendra necesidad de comento para entenderla. Ne pas traduire ou illustrer, mais commenter, voilà bien la conduite à suivre. »

C'est exactement ce que fait Dominique Aubier…
Elle ouvre Don Quichotte, le libère de la sépulture littéraire — mort du roman en tant que genre littéraire ! — en présente le fond symboliste et surtout, l'appui sémiologique. Don Quichotte n'est pas qu'un roman !





lundi 9 février 2015

Don Quichotte face à l'Inquisition

L'année dernière, en 2013, est paru ce livre :
Don Quichotte prophète d'Israël aux éditions Ivréa.
Distribué par Gallimard.

Ce livre distribué dans toutes les librairies de France fait l'objet d'une mise à l'index sur l'encyclopédie d'Internet. J'ai essayé de le mentionner dans la bibliographie sous l'entrée Don Quichotte. Systématiquement, certains esprits bienveillants l'effacent. Sous des prétextes très intéressants dont voit poindre ce qui motive réellement l'ostracisme.
Normalement, l'encyclopédie reçoit tout ouvrage dès lors qu'il existe, qu'il est édité par un éditeur sérieux, et qu'il bénéficie d'une notoriété.
Ce livre est cité par de nombreux auteurs, et tous les spécialistes de Cervantès et de Don Quichotte le connaissent. Mais dans l'encyclopédie wikipédia, on voit bien qu'il existe un front d'ennemis de Don Quichotte qui ne peut pas accepter la thèse.
Le titre à lui seul leur donne l'urticaire.

On appelle cela de l'antisémitisme culturel. Et c'est une option communément partagée.
On s'indigne officiellement des exactions nazies mais l'antisémitisme peut prendre des formes bien plus subtiles… ou grossières.
Interdit de wikipédia ?
Mais au fond c'est peut-être une bonne chose.
Ainsi ce livre se distingue et reste à part, sans se mêler du tout venant de la culture conventionnelle.
Peut-être les inquisiteurs rendent-il service sans le savoir ? Car à exclure on accorde une distinction à la pensée qui se voit interdite.


dimanche 8 février 2015

DON QUICHOTTE ET ÉZÉCHIEL

DON QUICHOTTE ET ÉZÉCHIEL

(extrait du livre Don Quichotte prophète d'Israël)
Aux éditions Ivréa.


Premier mot, premier écueil. Le roman s'ouvre sur une citation
« en un lieu de la Manche... ». Ce vers connu du Romancero
General sert de prélude. A partir de cette capture non dissimulée,
faite à un auteur anonyme, la phrase la plus vantée de l'ouvrage
prend son essor.
« ...dont je ne veux pas me rappeler le nom ». A peine l'auteur
parle-t-il de son cru qu'il renâcle! Il ne veut pas! C'est bien
dommage. Car ce lieu, cette Manche, ce ne sont pas des mots si
simples que l'auteur puisse refuser de préciser. L'un et l'autre
admettent plusieurs sens.
« Lugar » signifie lieu de l'espace mais aussi lieu de la pensée.
Est-ce le pays ou l'homme qui est désigné ? La Manche est une
région d'Espagne. Mais le mot « mancha », tache, en appelle
aussi au nettoyage. De qui ou de quoi parle-t-on ? D'un village de
la Manche ou d'un lieu de la pensée de la tache ? La mauvaise
volonté de l'écrivain mérite en juste compensation une réticence
égale de la part du lecteur. Il ne tient qu'à lui de se montrer
tatillon et, précisément, nous le sommes. Nous ne voulons pas
opter en faveur du village de la Manche contre la possibilité d'une
interprétation où le lieu serait la zone motrice d'un esprit marqué
par la Tache.
Dans son élan la phrase entraîne : « ... il n'y a pas longtemps
vivait un hidalgo ». Un hidalgo réel peut vivre dans un point de la
Manche, à Argamasila del Alba ou Quintanar de la Orden. Un
hidalgo imaginaire peut tout aussi bien hanter un esprit. Nous
sommes à lire. L'hypothèse de la fantaisie n'est pas interdite. Elle
serait même de bonne règle. Dans ces conditions, le lecteur a le droit d'attendre quelque
précision relative à la Manche. Un paysan castillan n'en
démordrait pas. Avec patience et décision, à l'espagnole, il ferait
le siège du parleur. Le conteur ne quitterait pas la place sans avoir
craché ou le nom du pays, ou celui de l'homme, ou les raisons
pour lesquelles il préfère ne pas se rappeler. Et c'est bien à la
paysanne qu'il faut ergoter.
Si Mota de Cuervo ou Campos de Criptana se cachait
derrière le mot « lugar », il n'y aurait aucune raison de
l'occulter. Si « lugar » dissimule un homme, un esprit, l'auteur
peut avoir des raisons pour ne pas le nommer. La pudeur, le
respect humain font de sains arguments. Dans ce cas, deux
possibilités se présentent. Ou l'auteur parle de lui-même et se tait
par pudeur, ou l'auteur traite d'un tiers et se tait par respect. La
vraisemblance conseille d'opter pour la honte honnête de
l'écrivain qui se refuse à blesser la décence.
« En un lugar de la Mancha de cuyo nombre no quiero
acordarme! » Belle manière de saluer! Au commencement d'un
livre, au point où l'auteur salue le lecteur, pareil aveu est de
mauvais augure! Ou l'écrivain se moque ou il entre en
pourparlers sur le ton courtois qu'exige la politesse. Un paysan
espagnol ne s'y tromperait pas.
Si Cervantès s'adresse au lecteur d'égal à égal, une autre
interprétation est possible. Un ésotériste aborderait ainsi
quelqu'un qu'il soupçonne d'appartenir à la même secte. C'était en
effet coutume chez les occultistes de saluer par des mots
semblables. Dans ce cas, l'affaire de la Tache se laisserait
comprendre. Les occultistes n'avaient pas bonne réputation en
Europe où ils étaient suspects d'appartenir à la Kabbale judéo-
chrétienne. Par l'intermédiaire de leur savoir, ils participaient à la
Tache, celle qui pesait sur le sang espagnol à l'époque des statuts
de limpieza de sangre — de propreté de la race. Qui s'annonce par
l'ambassade étrange de cette signalisation ?
Un de ces hidalgos qui ont « épée au blason, bouclier à
l'ancienne, cheval maigre et lévrier bon coureur ». Quatre signes
qui semblent emblématiques. Mais de quelle condition ?

vendredi 6 février 2015

Les moulins de Don Quichotte


Que les choses, en littérature, puisse être signifiantes, tout le monde ou presque en convient. C'est la haute fonction du symbolisme que représenter, donner à voir une chose pour en désigner une autre par un ricochet augmentatif de l'imagination. Mais ce processus mental est-il applicable au réel ? Le lecteur de Don Quichotte veut bien accepter que le héros ait une capacité interprétative riche : il s'en amusera et trouvera l'épisode comique. Mais pour Don Quichotte, il n'y a pas de recul : pour lui, la chose existante devient réelle dès lors qu'il applique à l'apparent une certaine grille de lecture. Que d'aucuns qualifieront de paranoïaque ?
Et dans nos propres vies : est-il possible de considérer le réel qui nous entoure comme une sorte de livre dans lequel il faudrait lire les signes ? Le réel est-il un livre ouvert ? Une représentation symbolique dont il faudrait, comme Don Quichotte, au moyen d'une grille, décoder le sens ? Voici un moulin : aujourd'hui, je verrais plutôt une éolienne. Mais est-ce vraiment une éolienne ? Ne serait-elle pas davantage le symbole représentatif d'un mode de pensée ? Qu'irais-je affronter une éolienne dont les pales tournent à 80 mètres de haut ! Les moulins à vent de Don Quichotte… épisode mondialement connu.
Mais qui en a compris le sens ?

L’ÉNIGME DES MOULINS À VENT
(Extrait du livre Don Quichotte prophète d'Israël)
Don Quichotte est universellement connu : il combat les moulins à vent. Inutile de lire le roman de ses aventures pour l'apprendre. Cette part de son épopée, détachée de l'ensemble, mène sa vie indépendante. Le langage sait et enseigne que don Quichotte combat les moulins à vent. Les raisons pour lesquelles le langage a recueilli et conservé l'image étrange de ce chevalier luttant contre des moulins devraient être simples, faciles à
comprendre.

Dans presque toutes les langues du monde, cette image est présente. Aucun peuple ne s'est opposé à l'accueillir. Aucune forme d'entendement ne s'est refusée à la retenir. Partout, deux expressions uniformément agréées dans leur sens littéral assurent son existence et sa permanence : faire le don Quichotte, combattre les moulins à vent. Il semble que l'hidalgo dans sa charge célèbre accomplisse un acte aisément accessible à l'esprit.
Sur l'opportunité d'une telle bataille, aucun débat ne devrait s'ouvrir. Cependant, demandez ce que fait l'hidalgo quand il combat les moulins. En anglais, en allemand, en italien comme en français, pour mettre en cause des langues européennes, une réponse d'une valeur statistique incomparable établit qu'il fait le don Quichotte. Demandez qui est don Quichotte. Une réponse unique d'une signification statistique égale institue qu'il combat les moulins à vent.

Une précision ressort d'un tel sondage : l'affaire des moulins à vent concerne don Quichotte. Pas l'ombre d'un tiers sur l'exploit. Don Quichotte renvoie aux moulins. Les moulins renvoient à don Quichotte. Dans leur parallélisme euclidien, les deux expressions ne se portent aucun secours.
Certes, nous savons ce que parler veut dire. Une personne lutte-t-elle généreusement pour une cause grande, sans se défier de la résistance des choses de ce monde, on dit qu'elle fait le don Quichotte. Échoue-t-elle dans son entreprise ? On la raille au nom de l'exemple célèbre de l'hidalgo : qu'allait-elle combattre les moulins à vent ?
Il faut combattre les moulins à vent. C'est un signe de grandeur d'âme. De l'aventure, on revient toujours vaincu. C'est le signe de l'ordre des choses. Qu'a-t-on besoin de lutter contre des moulins à vent ? Le bon sens conseille de ne pas s'y risquer. Pour le bon
sens qui sait de quoi il en retourne, que sont les moulins ?  Si sensé qu'il soit et soucieux des évidences qu'on l'imagine, le bon sens, quand il déconseille de lutter contre les moulins, ne pense pas aux moulins. Il a trop de naturel pour se permettre pareille incongruité. Il pense aux puissances établies. Il ne faut pas lutter contre les puissances établies. Elles sont trop puissantes; ce en quoi, le sens commun ne se trompe pas. En vertu de quel pacte accepte-t-il que les puissances établies soient symbolisées par des moulins ? Sur pareille mascarade, aucune explication ne ressort des droits usufructués par ce que Bossuet appelle avec raison « le père des langues ».
Selon le bon plaisir de l'usage, ce tyran, les moulins, représentent, dans les puissances établies, en même temps que leur puissance et leur solide établissement, la part contestable de leur existence. Des puissances sont établies pour le meilleur oupour le pire. Elles sont à détruire ou à conserver selon le service qu'elles rendent bon ou mauvais. Les moulins symbolisent les puissances établies en dehors de toute raison d'être. Mais pourquoi des pièces de meunerie symbolisaient-elles à bon droit pareil mauvais jeu ? En vertu de quels caractères ? Il n'est pas vrai que de tels caractères soient évidents pour le bon sens. Tout au contraire. Les moulins à vent servent à moudre le blé. Leur utilité est le premier caractère qui s'aperçoive clairement dans l'évidence. A ce titre, ils symboliseraient dignement des puissances utilement établies.
Contre quoi don Quichotte lutte-t-il pour l'approbation éternelle des peuples ? Lui-même symbolise la grandeur d'âme s'exerçant sans efficace, pour son échec naturel contre les
puissances de ce monde. Telle position de l'esprit se rencontre effectivement parmi les diverses possibilités offertes par la nature humaine.
Mais que font des moulins dans le camp de son adversité ?
Car, dans ce cas, les moulins symbolisent l'adversité typique et particulière à quoi se heurtent certaines natures imprudentes quand elles s'attaquent sans rouerie ni précaution à la redoutable réalité des choses de ce monde…

Le vrai secret de Don Quichotte

Tout le monde connaît Don Quichotte. Ou du moins, tout le monde en a entendu parler.
On peut se demander pourquoi cette figure littéraire est devenue une sorte d'icône mondialement reconnue.
Quel est son secret ?
Tous les experts de la littérature s'accordent pour reconnaître que son auteur était un génie. Qu'il a inventé une forme nouvelle d'écriture : Cervantès est en effet l'inventeur du roman moderne et l'on trouve, dans Don Quichotte, toutes les techniques narratives qui font aujourd'hui le succès des auteurs en vue.
Narration linéaire, narration systémique, intrusion de l'auteur dans son roman, flash back, flash avant, inversions, retournements : tout y est dans Don Quichotte et je ne crois pas que les nouveaux romanciers aient inventé quoi que ce soit depuis lors. De sorte qu'on peut bien dire que Cervantès a "inventé" le roman, et qu'en même temps, il l'a tué car dans Don Quichotte, on trouve l'aboutissement même de la forme romanesque — insupérable, comme ont dit en espagnol — ne permettant pas de la surpasser. Cervantès serait-il le "tueur" du roman ?

Quel avenir littéraire peut-on encore espérer après Don Quichotte si en lui se concentre la perfection du genre ? Cervantès y a répondu par lui-même, puisqu'il dit que son œuvre aura besoin d'un commentaire pour être comprise : necesita comentos para entenderla.
Avons-nous réellement compris Don Quichotte ?

Des centaines d'ouvrages érudits ont tenté de percer son énigme. De grands experts ont planché sur la question, dont le plus savant de tous était Diego Clemencin, grammairien, qui a réalisé une fastueuse étude où il a passé l'œuvre de Cervantès au film de son immense savoir. Il en a déduit que malgré tout le respect qu'il devait au grand écrivain espagnol, son œuvre présentait des imperfections et beaucoup de fautes. Fautes d'orthographes, fautes de sémantique, fautes de grammaire… Et qu'assurément, Don Quichotte méritait d'être révisé, corrigé par le professeur qui se fait fort d'améliorer ce que l'écrivain défaillant aurait négligé. Il en a résulté une révision du texte original, une modernisation diront certains, au nom de la conformité conventionnelle dont l'universitaire se portait garant.

J'ai eu la chance de lire Don Quichotte dans une édition antérieure à celle que le brave chercheur avait liophylisée et j'ai eu recours — miracle des bibliothèques bien pourvues — à une édition fac similée de l'original de 1605 et de 1610. Pour suivre le texte de Cervantès au mieux, j'ai également pris sa traduction éditée chez Flammarion de Louis Viardot. C'était en Espagne, en 1987. Dans la maison de l'écrivain Dominique Aubier, bien connue pour ses travaux portant sur Don Quichotte.

Elle m'avait recommandé, pour m'intégrer au mieux dans le petit village où elle résidait, d'apprendre la langue. Et pour cela, d'aller si possible vers les gens, leur parler. Et en même temps, lire des textes en espagnol. Et quel autre texte pouvais-je bien lire si ce n'est Don Quichotte, Bible des Espagnols ?
Je me suis lancé : bien sûr, au début, c'était le vertige. Plonger dans une langue étrangère dont il fallait, à chaque mot vérifier le sens dans le dictionnaire… Dominique Aubier me conseilla d'utiliser le dictionnaire usuel Larousse. Mais aussi de consulter le "Covarubias" : dictionnaire bizarre édité du temps de Cervantès qui collationne les mots espagnols tout en indiquant leur étymologie arabe ou hébraïque, et dont les définitions n'étaient pas toujours très rationnelles, renvoyant à des références bibliques. Etrange grimoire que ce lexique plein de mots espagnols anciens, ne figurant pas dans le Larousse ! Tout cela pour me faire comprendre que l'écriture de Cervantès n'était peut-être pas tout à fait indexée sur les modalités de pensée de notre rationalité analytique.
Et puis, j'étais à Carboneras. Petite ville en bord de mer, à 70 kilomètres d'Alméria. Ici, je me rendais bien compte que je n'étais pas dans un lieu tout à fait "normal", dans le sens où la normalitude aplatit la pensée sur une planche à repasser pour que tout tombe bien dans les plis.
J'eus le privilège d'habiter dans la maison de Dominique Aubier, aux côtés de celle qui avait fait de Don Quichotte son maître à penser. Don Quichotte, pour elle, n'était pas une "figure de rhétorique littéraire". Ce n'était pas un "exercice universitaire" de philologie ou de sémantique. Ni une curiosité touristique. Don Quichotte représentait un art de vivre. Un art de penser. Que tout un chacun pouvait adopter. Elle avait en quelque sorte "quichottisé" son existence pour calquer son mode de vie sur le référentiel quichottien !
Et je débarquais là, avec ma raison raisonnante. Avec mes conceptions et techniques de lecture apprises à la "fac". Diplômes en poche et certitude qu'avec le filtre de la pensée inculquée dans les instituts contrôlés par le ministère de l'Education, tout deviendrait clair et lisible.
Mais Don Quichotte — le vrai — m'attendait : la première leçon qu'il m'infligea fut une séance de décapage mental. Il fallait plonger dans la chaux vive et écorcher le petit singe savant. Et Dieu sait que le fauve se débattait. Pour moi, il n'était pas question de penser autrement qu'en jurant par le socialisme mitterrandien. Liberté de penser, liberté d'expression : valeurs sacro-saintes au nom desquelles j'acceptais volontiers la folie quichottienne, car après tout, la folie est permise. Mais de là à concevoir que cela puisse constituer un mode de vie ?

Semaine après semaine…